Post-doc or not post-doc? L’après-thèse, on en parle?

Bonjour, bonjour,

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    Après un premier article introduisant mon blog, ses tenants et aboutissants, j’espérais écrire un second billet exposant mes résolutionspour cette nouvelle année mais, en me lisant à l’imparfait, vous comprendrez que j’ai laissé tomber cette idée.

    Pourquoi? Eh bien, tout simplement parce qu’avec cette nouvelle année qui démarre sur les chapeaux de roue au labo, je n’ai presque plus le temps de prendre soin de moi… Et oui, c’est dramatique! Comment maintenir la tête hors de l’eau lorsque l’on est en thèse? Telle est la question que je me pose tous les jours et chaque soir je me promets d’y remédier le lendemain matin sauf que lorsque le réveil sonne, ces promesses ne sont, malheureusement, plus que des paroles en l’air…

   Bref il faudra que j’y travaille et que je trouve un moyen d’y remédier… Je ne ferai pas long feu autrement…

   Sans tourner davantage autour du pot, passons à la question du jour « l’après-thèse? ». Voilà une question qui taraude bon nombre d’entre nous et ce avant même d’entamer le doctorat. Et oui, il est bien beau d’être diplômé mais lorsque l’on ne trouve pas de boulot à l’issue de tant d’investissement et de sacrifices et que McDo rémunère bien mieux que la recherche, il y a de quoi se poser de sérieuses questions!

   Suivre sa passion? Oui! Contribuer au monde qui nous entoure? Un milliard de fois oui!   Pointer au chômage à la fin de son contrat de thèse ? Pardi, non! Revoir ses attentes à la baisse dans l’espoir de meubler l’espace temps avant de trouver le job de ses rêves? Même pas pour tout l’or du monde!

   Il est des concessions qu’il vaut mieux ne pas envisager, j’en suis persuadée!  Et pourtant, je suis entourée de nombreux pessimistes. Alors comment en suis-je parvenue à une telle conclusion?

  Eh bien, cette semaine alors que je déjeunais dans la cuisine de mon institut, en compagnie du petit stagiaire de Master 2 de mon équipe ainsi que de notre nouvelle étudiante en thèse, j’aperçus un post-doctorant que je connaissais de vue. Je suis représentante des étudiants de mon institut donc, forcément, je les connais tous plus ou moins… Quant à celui-là, il m’était arrivé de le snober involontairement une ou deux fois.  Je n’avais vraiment pas fait exprès, il s’agissait simplement de concours de circonstances. Il m’avait adressé un beau sourire et j’avais été maladroite. Je ne m’étalerais pas sur le rush de la situation mais je m’en étais un petit peu voulue. Je ne savais comment me rattraper alors j’avais décidé de laisser tomber en espérant être courtoise la prochaine fois.

    Lorsque je le vis entrer dans la cuisine avec ses collègues, je ne savais comment m’y prendre étant donné que je suis de nature réservée. Mes collègues et moi étions en train de discuter des financements concernant la 4ème année de thèse. Je leur expliquais que dans notre équipe, il était plutôt courant de faire sa thèse en 4 ans. Moi, j’espérais secrètement finir en 3 ans pour passer à autre chose et progresser dans ma vie. Je ne voulais pas stagner, je voulais vivre tellement de choses, découvrir un ailleurs, mon eldorado à moi. De fils en aiguille, je me retrouvais à parler des différents organismes finançant la recherche dont les fameuses bourses accordées par la fondation L’Oréal.

   Ces dernières avaient gagné mon admiration et mon respect depuis bien longtemps. Il fallait le faire, mettre les femmes au devant de la scène dans un monde dirigé par des filous. Bien que les places soient limitées et le concours ardu, c’était BEAU! Et on ne pouvait que s’incliner face à une telle initiative!

  A mon goût, les femmes étaient bien trop sous-estimées voire méprisées dans de nombreux domaines. Il n’y avait qu’à regarder ces posts pour lesquels, à compétences égales, les femmes étaient moins payées que les hommes. De même, en faisant le bilan autour de moi, sur le total des 21 équipes de recherche qui composaient mon institut, il n’y avait que 4 Directrices d’équipe. Sur ce modèle-là, les femmes n’accédaient donc que rarement à de hauts grades… Cela m’agaçait intérieurement…  Nous sommes pourtant aussi douées que les hommes, si ce n’est plus dans certains cas! Nous avons tellement à partager, une voix à faire entendre pour bâtir le monde de demain mais nous sommes trop souvent limitées par de stupides barrières misogynes…

  Je me surprenais à rêver de faire entendre ma voix à travers la science jusqu’à ce fameux post-doc se retrouve à proximité de moi et interrompe mes songes. Je ne savais pas s’il faisait le tour de la table pour rejoindre sa collègue ou s’il s’avançait pour discuter avec moi. Je le regardais et baissais la tête. Je n’osais pas interrompre ma conversation avec mon petit stagiaire pour m’adresser à ce jeune homme. Sa gestuelle le trahissait, il ne venait pas uniquement prendre place à une table, il venait me parler. Le temps semblait beaucoup plus long. Incapable de faire le premier pas, je le regardais à nouveau. Cette fois-ci, je ne l’avais pas, malencontreusement, ignoré et il m’avait abordée spontanément.

   Il faut dire que je parlais à voix haute avec mon stagiaire. Je lui expliquais toute la beauté des bourses dédiées aux femmes et notre conversation cheminait vers les débouchés d’une thèse. Le post-doc me demanda alors si je savais ce que je voulais faire à l’issue de la mienne. Je répondais par l’affirmative : « Ouais, un post-doc! »

  Il poursuivi en me demandant si j’avais une petite idée quant aux endroits qui seraient susceptibles de m’intéresser.

  UCL (University College of London)  avait gagné mon coeur depuis longtemps et je lui en touchais deux mots en précisant bien « … Mais je ne suis qu’en deuxième année… » et il surenchérit « … mais as-tu commencé à y penser?! »

   Etonnamment, ses mots avaient eu un impact, ils marquèrent un moment dans le temps que je n’étais pas prête à oublier.

   Dans mon équipe, mon chef privilégiait l’ancienneté. Il accordait davantage de temps et de considération aux doctorants les plus « vieux ». Cela se comprenait puisqu’ils étaient limités par la durée de leur financement et qu’il fallait donc les aider à concrétiser leurs projets.

    Moi, j’étais enfin en deuxième année. J’avais donc droit à un peu plus de temps avec mon chef mais aussi à davantage de pression quant aux expériences, au dead lines et au travail global à fournir. Dans tout cela, nous n’avions jamais évoqué la question de la poursuite de carrière! A une ou deux reprises, il m’avait fait comprendre qu’il souhaitait que j’effectue une 4ème année de thèse et j’étais restée silencieuse. Je n’en voulais pas et mon chef n’était pas une personne à qui l’on pouvait dire non…

   Ce post-doctorant était le seul à m’avoir vraiment écoutée. C’était étrange. Je ne saurais décrire son air grave et sa tonalité lorsqu’il me questionnait. Cela m’avait fait plaisir. Pour une fois, un « grand » m’entendait réellement. C’était donc décidé, j’allais consacrer davantage de temps et de réflexion à la recherche d’un éventuel post-doc.

    Il me faudrait prendre en compte les domaines dans lesquels je développais une expertise, les labos qui m’intéressaient et ce que je pourrais leur apporter. Cela me motivait davantage à exceller dans mon domaine car la compétition serait rude à l’arrivée. Nous ne le savons que trop bien, le marché du travail est saturé. Et, de toute manière, ils ne prennent que les meilleurs…

  Il n’en tenait donc qu’à moi de faire partie de l’élite pour rendre les statistiques (concernant l’emploi des doctorants) mensongères!

    Et vous, qu’en pensez-vous? Avez-vous déjà eu ce genre de déclic? Je n’en ai pas parlé ici mais il y a aussi la possibilité de travailler dans des boîtes privées. Si j’en crois les on-dit, les conditions de travail seraient meilleures et c’est une possibilité que je ne néglige pas non plus.

   Bref. Je suis ouverte à tout retour d’expérience donc n’hésitez pas, vos suggestions sont les bienvenues!

Ceci est mon épopée.

Bonjour Bonjour,

Sans grande surprise et comme vous l’aurez compris en lisant le titre de mon blog, je suis étudiante en thèse (la thèse ou doctorat étant un diplôme universitaire que l’on passe à la suite d’un master précédé d’une  licence).

Généralement, lorsque je me présente aux gens et que je leur explique ce que je fais dans la vie, ils sont plutôt impressionnés. En fonction du milieu dont on est issu, un petit bout de femme de 25 ans qui se lance dans la recherche fondamentale, ce n’est pas forcément commun. Et pourtant, il n’y a vraiment pas de quoi être impressionné puisqu’une thèse est une formation comme les autres, ou presque…

Cela implique un certain nombre de sacrifices, de la ténacité et une dédication à 120%. Tout ça pour se lancer à la quête d’un savoir dont le résultat immédiat ne mènera peut-être nulle part. Mais, contre toute attente, le refus de l’échec et l’espoir que la donne soit différente au prochain tirage, nous animent. A force de lancer les dés et de multiplier les essais, on finit bien par obtenir un double six et c’est, peut-être, celui-ci qui nous permettra de contribuer au monde qui nous entoure et de laisser une trace de notre passage sur terre en apportant notre pierre à l’édifice.

Quoi qu’il en soit, la route est longue et semée d’embûches. Globalement, ma vie de thésarde ressemble à une sinusoïde (très éloquent pour les intimes / scientifiques) ou à des montagnes russes (pour le commun des mortels gravitant autour de ce fol électron libre qui a été maso au point d’entreprendre un doctorat)).

Tout amateur de sensations fortes trouverait ces PhdRollerCoastermanèges géniaux et pourtant, je vous garantis qu’après atteinte de cet énième tour où  la gravité et le contenu de l’estomac décident de s’affronter à vive allure pour entrer en collision, on réfléchit à deux fois avant de recommencer. Cela dit, on garde en mémoire les sensations fortes, la vitesse, les cheveux dans le vent, les cris d’euphorie et tout ce qu’on laisse derrière soi en faisant un tour de manège supplémentaire. On se fourvoie en minimisant les effets d’un atterrissage fracassant et puis on sait bien que la meilleure façon de résister à la tentation est d’y céder. Alors cette fois-ci, on retient sa respiration, on commande un autre jeton et puis advienne que pourra… D’ailleurs, c’est ce qui m’a poussée à me remettre à l’écriture.

Voilà plusieurs mois que j’y songeais afin de partager certaines de mes expériences en tant que doctorante, mes joies, mes rushes d’adrénaline mais aussi mes moments un peu plus creux et mes peines, mais en vain. J’étais incapable d’aligner quelques mots. Je me suis retrouvée bloquée, comme emprisonnée par mes maux avant même d’être confrontée à l’illustre panne de la page blanche. Il paraît que l’écriture est libératrice et que raconter ce qui nous arrive est cathartique alors me voilà…

Je suis comme vous, je ne sais pas ce que mes écrits révèleront mais je choisis de m’affranchir de ma geôle en affrontant mes épreuves et mes peurs en âme et conscience. Ceci est mon épopée.

Je vous souhaite la bienvenue et vous prie de bien vouloir attacher vos ceintures.